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Cher amis,
Plusieurs débats agitent notre profession en interne et j’y suis, bien évidemment, très attentif car je me dois d’être à votre écoute, à l’écoute de tous. J’enregistre ce qui se dit, le pèse, le soupèse avec mes collaborateurs du SNDLL, et puis nous retenons ce qui peut-être utile. Je dois dire que nous écartons beaucoup, beaucoup de choses tant elles reflètent plus une humeur (parfois avec beaucoup de vulgarité, ce qui n’arrange rien) qu’elles ne présentent d’arguments sensés et fondés. Je prends le dernier débat sur la réouverture de certains autrement qu’en discothèque “classique”.
Ces derniers jours, les media se sont émus d’ouvertures de certaines discothèques (voir mon dernier message) sous couvert d’autres activités . Il faut dire que face à cette fermeture inédite et isolée des seules discothèques, celles-ci sont confrontées à des problèmes commerciaux et financiers insurmontables. Nécessité fait loi: certains utilisent une possibilité légale, même si elle est parfois “border line”, limite… la requalification en type “N”. Comme solution de fond, générale, je n’y suis pas favorable mais force est de reconnaître que si cela contribue au sauvetage de certaines entreprises, il faut explorer cette piste. J’en ai parlé au cabinet du Ministre des finances qui y est favorable, il faut donc une table ronde avec l’Intérieur et la santé sur le sujet pour “sécuriser” ce parcours de P à N et retour.
Il est nécessaire de fixer une “doctrine” pour tous. Actuellement toutes les situations se retrouvent. Volontairement je vais éviter de citer des noms, mais nous possédons une jolie palette de situations diverses et même contradictoires. L’égalité de traitement s’impose. Il faut des règles communes.
Ainsi sur PARIS, la préfecture de police autorise qu’une discothèque (P) déclare à ses services se reclasser “provisoirement” en bar/restaurant (type N) quitte à retrouver aussi facilement son type P quand la situation sera redevenue “normale”. Bien sûr les horaires sont ceux des bars (avec parfois une dérogation possible, comme pour les bars de nuit) et il faut respecter le protocole sanitaire des bars-restaurants: chaque client doit avoir une place assise, à table on peut enlever le masque, port du masque obligatoire quand on est debout (même si on danse occasionnellement), gel etc … Cela pose le problème des “débordements” bien sûr que le staff est bien incapable quelquefois de maîtriser, mais aussi le problème de la danse dans ces conditions.
On voit que la transgression lors du passage de P en N est parfois inévitable, que les catégories apparaissent artificielles … De là à “pousser au crime” des professionnels déboussolés par ce qui leur arrive, on peut comprendre ! Je connais un établissement parisien près du bois de Boulogne qui a travaillé (et travaille) en continu pendant toute la crise en restaurant événementiel mais où j’ai très rarement vu des solides sur les tables et où on danse toute la nuit… cela ne choque personne. Moi je me réjouis pour le professionnel (il y en a plusieurs dans ce cas !) bien sûr mais je ne comprends pas pourquoi sont fermées les “ex discothèques” ? Bien sûr cela s’est déroulé également en province pendant l’été dans les lieux branchés ou VIP. Tout le monde a vu les vidéos du Nikki Beach sur la Côte d’Azur et je peux en citer autant que les autorités qui sont parfaitement informées.
Comment les discothèques ne seraient-elles pas frustrées, en plus de leur situation matérielle insupportable ? Cela pose juridiquement au moins deux problèmes: la responsabilité des décideurs et l’égalité de traitement. Il faut, à tout le moins, étendre la “compréhension” à tous, dans le respect de la lutte contre le COVID pour offrir une alternative à l’interdiction totale que nous subissons et qui est de plus en plus arbitraire dans ce contexte.
C’est ce que j’ai demandé, notamment, aux Ministres. Ils sont aussi bien conscients que la clientèle est “en demande” surtout après les vacances “en plein air” et que c’est une réponse au caractère anxiogène de la crise. Ils savent qu’en province cela évite le nomadisme nocturne, les dérapages festifs sauvages et l’alcoolisation domestique. Cela évite toutes les incivilités et violences sur la voie publique auxquels on assiste depuis la fermeture de nos établissements.
Qu’on me comprenne bien. Je ne suis pas pour l’ouverture ou la reconversion systématique en N mais il existe des situations où c’est structurellement possible et où l’exploitant le souhaite pour des raisons évidentes non seulement “alimentaires” mais pour rétablir un lien avec la clientèle.
Actuellement se prennent de nouvelles habitudes des consommateurs qu’il sera , peut-être, difficile de retrouver après. Or la clientèle est un élément de base de nos fonds de commerce. Ce lien avec elle est donc à sauvegarder. Certains discothécaires l’ont bien compris qui avec leur DJ font des sets, des mix ou des échanges et qui préservent le contact via les sites sociaux. Le problème de la relation clientèle est un vrai problème. Il faut permettre à ceux qui le souhaitent de fonctionner autrement. J’ajouterai qu’il n’est pas normal qu’une discothèque ne puisse louer ses murs à des particuliers ou des entreprises ou à de l’événementiel. Un de nos membres s’est vu refuser d’accueillir une exposition de véhicules ! C’est hallucinant.
En province, la situation est parfois plus contrastée, fonction des préfets (la personnalité, l’expérience jouent beaucoup) ou des élus, ce qui prouve bien l’arbitraire de la situation et l’inégalité de traitement !Telle sous-préfète d’Aix-en-Provence autorise, tel Préfet de la Haute-Loire fait semblant de ne rien voir pour des prestations dansantes à l’accordéon devant l’établissement, tel Préfet de la Loire Atlantique (il y en a d’autres) autorise le passage de P en N, tel autre refuse tout net, tel Maire savoyard ou angevin incite une discothèque à sauver la situation en ouvrant en bar, tel autre s’y oppose…
Et puis pourquoi ne se ferait pas en Province ce qui se fait légalement à Paris ?!!! Les Préfets le comprennent de plus en plus. Signe d’intelligence des situations.
Bref, vous l’avez compris: l’incertitude totale quant à une réouverture proche, l’insuffisance des aides publiques (ou leur arrêt car en septembre nous ne savons toujours pas ce qui sera fait), la nécessité matérielle ou commerciale nous amènent à envisager aussi ce type de solution. Mais cela n’enlève rien à la situation de l’immense majorité qui se meurt, ne pourra ou ne voudra se diversifier et qui a besoin d’aides financières immédiates.
Le SNDLL se bat sur ces deux fronts. Pragmatiquement mais avec résolution !
Bien cordialement à tous,
Patrick MALVAËS